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choix du bien et du mal ; principes de philosophie sans lesquels il est impossible de parler de justice et de loi. Si c’est pour cela que mon censeur dit que je suis sorti de la route ordinaire des philosophes. Platon, qui établit toujours dans ses doctrines la divine Providence et revendique pour l’homme le libre arbitre, Platon, ce philosophe divin, sera, par une licence qui approche du délire, rayé de la liste des philosophes.

« Que s’il en est ainsi, le censeur se trahit lui-même. Tout autre qu’un protestant ne ferait pas un reproche à notre système d’être accommodé à l'esprit de l'Église romaine ; ce ne peut être qu’un disciple de Luther ou de Calvin, qui introduit les idées stoïciennes et le fatum dans la philosophie chrétienne et qui veut que dans le serf-arbitre de l’homme la nécessité domine et opprime tout… — Et pourquoi n’accommoderais-je pas mon système à cette Église qui montre au doigt la vérité à ceux qui professent sa croyance ? Elle m’a aidé à fonder un système accommodé à tout le genre humain ; car elle m’a enseigné deux dogmes, celui de la divine Providence et celui du libre arbitre, que reconnaît tout le genre humain. Mais il est interdit aux sectateurs de Luther ou de Calvin de prendre la parole contre ces vérités. C’est ce qui arriva une fois à Théodore de Bèze en Suisse, où il remplaça Calvin. Comme il avait prononcé un discours qui faisait perdre le cœur à tous ses auditeurs pour toute œuvre chrétienne, les magistrats défendirent de prêcher à l’avenir contre ces dogmes catholiques.

« Pourquoi n’a-t-il pas nommé Selden, le troisième des principaux auteurs qui aient traité de ces matières, lui