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Celui qui assignait à la vérité le double criterium du sens individuel et du sens commun, se trouvait dès lors dans une route à part. Les ouvrages qu’il a publiés depuis n’ont plus un caractère polémique. Ce sont des discours publics, des opuscules, où il établit séparément les opinions diverses qu’il devait plus tard réunir dans son grand système. L’un de ces opuscules est intitulé : Essai d’un système de jurisprudence dans lequel le droit civil des Romains serait expliqué par les révolutions de leur gouvernement. Dans un autre, il entreprend de prouver que la sagesse italienne des temps les plus reculés peut se découvrir dans les étymologies latines. C’est un traité complet de métaphysique, trouvé dans l’histoire d’une langue [1]. On peut néanmoins faire sur ces premiers travaux de Vico une observation qui montre tout le chemin qu’il avait encore à parcourir pour arriver à la Science nouvelle : c’est qu’il rapporte la sagesse de la jurisprudence romaine, et celle qu’il découvre dans la langue des anciens Italiens, au génie des jurisconsultes ou des philosophes, au lieu de l’expliquer, comme il le fît plus tard, par la sagesse instinctive que Dieu donne aux nations. Il croit encore que la civilisation italienne, que la législation romaine, ont été importées en Italie de l’Égypte ou de la Grèce.

Jusqu’en 1719, l’unité manqua aux recherches de Vico ; ses auteurs favoris avaient été jusque-là Platon, Tacite et Bacon, et aucun d’eux ne pouvait la lui donner : « Le second considère l’homme tel qu’il est, le premier tel qu’il doit être ; Platon contemple l’hon-

  1. Cet ouvrage est le seul dont Vico n’ait point transporté les idées dans la Science nouvelle.