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pas distincts, beaucoup de vérités qui sont douteuses, seraient à la fois douteuses et certaines, et tant de choses que l’on croit véritables seraient à la fois fausses et vraies.

Ce qui fait le vrai, c’est la conformité de la pensée avec la réalité ; ce qui fait le certain, c’est une croyance exempte de doute. Cette conformité avec l’ordre réel des choses s’appelle et est en effet la raison ; si l’ordre des choses est éternel, la raison l’est aussi, et produit le vrai éternel ; si l’ordre des choses n’est point constant en tout temps, en tout lieu, il y aura dans les choses de la connaisance raison probable, dans celles de l’action raison vraisemblable. De même que le vrai résulte de la raison le certain s’appuie sur l’autorité, soit sur l’autorité de notre expérience personnelle (autopsia), soit sur celle du témoignage des autres hommes, lequel est appelé particulièrement autorité ; de l’une ou de l’autre naît également la persuasion. Mais l’autorité elle-même dépend de la raison : car si le témoignage de nos sens ou des autres hommes n’est point faux, la persuasion sera véritable ; s’il est faux, la persuasion sera fausse également ; les préjugés se rapportent à ce dernier genre de persuasion.

Examinons maintenant si, en partant du principe (la connaissance de l'Être suprême) établi par la nouvelle jurisprudence à l’époque où les hommes méditaient avec le plus d’ardeur sur la nature divine ; examinons, dis-je, si nous pourrons commencer, conduire et achever une véritable Encyclopédie, c’est-à-dire, comme l’étymologie l’indique, un cercle complet de science (disciplinam vere rotundam), une science universelle qui ne présente aucune solution dans la