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mesurer combien le droit civil des Romains a ajouté au droit naturel des gens, combien il en a retranché, et ainsi les principes du premier se trouveraient éclaircis.

Ces réflexions m’avaient inspiré un ardent désir d’examiner si les principes de la jurisprudence pourraient être établis par la métaphysique de manière à former un heureux système de démonstrations. En feuilletant saint Augustin, je rencontrai (Cité de Dieu, livre IV, ch. xxxi) un passage de Varron dans lequel il dit que s’il eût eu le pouvoir de donner aux Romains les dieux qu’ils devaient adorer, il eût suivi l’idée, la formule prescrite par la nature elle-même ; il pensait sans doute à l’idée d’un Dieu unique, incorporel, infini. Ce mot fut pour moi un trait de lumière. Je compris que le droit naturel devait être la formule, l’idée du vrai qui nous représente le vrai Dieu. Le vrai Dieu est le principe du vrai droit, de la véritable jurisprudence, comme il est celui de la véritable religion. N’est-ce pas pour cela que la jurisprudence chrétienne contenue dans les constitutions impériales commence par un titre sur la très sainte Trinité et sur la foi catholique ? La jurisprudence est donc la connaissance véritable des choses divines et humaines. La métaphysique nous enseigne la critique du vrai, en nous donnant une notion véritable de Dieu et de l’homme. En conséquence, j’ai fait en sorte de tirer les principes de la jurisprudence, non des écrits des auteurs païens, mais de la véritable connaissance de la nature humaine, laquelle a son origine dans le vrai Dieu.

Après de longues et sérieuses méditations, j’ai enfin reconnu que les éléments de toute science divine et