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tations de Descartes, et dans son Discours sur la méthode, où il désapprouve la culture de la poésie, de l’histoire et de l’éloquence. Le platonisme qui, au seizième siècle, les avait si heureusement inspirées, qui, pour ainsi dire, avait alors ressuscité la Grèce antique en Italie, était relégué dans la poussière des cloîtres. Pour le droit, les commentateurs modernes étaient préférés aux interprètes anciens. La poésie, corrompue par l’afféterie, avait cessé de puiser aux torrents de Dante, aux limpides ruisseaux de Pétrarque. On cultivait même peu la langue latine. Les sciences, les lettres étaient également languissantes. »

C’est que les peuples, pas plus que les individus, n’abdiquent impunément leur originalité. Le génie italien voulait suivre l’impulsion philosophique de la France et de l’Angleterre, et il s’annulait lui-même. Un esprit vraiment italien ne pouvait se soumettre à cette autre invasion de l’Italie par les étrangers. Tandis que tout le siècle tournait des yeux avides vers l’avenir, et se précipitait dans les routes nouvelles que lui ouvrait la philosophie, Vico eut le courage de remonter vers cette antiquité si dédaignée, et de s’identifier avec elle. Il ferma les commentateurs et les critiques, et se mit à étudier les originaux, comme on l’avait fait à la renaissance des lettres.

Fortifié par ces études profondes, il osa attaquer le cartésianisme, non seulement dans sa partie dogmatique qui conservait peu de crédit, mais aussi dans sa méthode que ses adversaires mêmes avaient embrassée, et par laquelle il régnait sur l’Europe. Il faut voir dans le Discours où il compare la méthode d’enseigne-