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général de choses divines. De la connaissance des choses divines et des choses humaines résultait la sagesse ; la sagesse, que Platon appelle celle qui perfectionne et accomplit l’homme (hominis consummatrix), parce qu’en effet elle donne à la partie intelligente et à la partie morale de l’homme la perfection qui leur est propre, la connaissance de la vérité et la pratique de la vertu ; la première conduit à la seconde ; réunies, elles constituent la sagesse.

Ceux que les Grecs appellent Pragmatikoï, praticiens ou légistes, connaissaient les lois, les jugements rendus, l’histoire de tout le droit athénien, et donnaient des renseignements à ceux qui leur en demandaient. Néanmoins la jurisprudence ne faisait point chez les Grecs un art, une profession particulière. La rhétorique en tenait lieu. Les orateurs plaidaient sans autre secours les causes de faits, qui sont les plus oratoires ; pour celles de droit, instruits par les philosophes sur les principes du droit, par les légistes ou praticiens sur les lois et jugements relatifs à chaque affaire, il les plaidaient en consultant surtout les règles de l’art oratoire, et songeaient moins à la vérité et à la justice qu’à l’intérêt particulier de chaque cause.

Il n’en fut pas de même chez les Romains. La magnanimité, résultat naturel de leurs mœurs, suppléait à la connaissance de la morale ; l’usage des affaires, qu’ils acquéraient dans l’exercice de tant de magistratures, compensait leur ignorance des théories politiques ; enfin, la religion tenait chez eux la place que la métaphysique occupait chez les Grecs. La jurisprudence était une doctrine mystérieuse, réservée aux