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la critique métaphysique, dont le point de départ est aussi le terme : à savoir, le scepticisme. Lorsque l’âme des jeunes gens est agitée par les orages des passions, et toute prête à céder à l’impulsion du vice, le scepticisme vient en quelque sorte étourdir leurs scrupules. En vain l’éducation domestique a commencé a pénétrer leurs âmes des préceptes du sens commun, que la sagesse piiilosophique aurait achevé d y graver. Et quelle règle plus certaine pour la pratique que d’agir comme font les hommes d’un sens droit ? Le scepticisme qui met en doute la vérité, lien commun de tous les hommes, les dispose à céder au premier motif d’intérêt et de plaisir que le sens propre leur fournira ; et par là, de cet état de communauté sociale où nous vivons, il les rappelle à l’état solitaire, non plus à la solitude des animaux paisibles que leur instinct porte à vivre en troupeaux, mais à l’isolement des animaux féroces qui se tiennent chacun dans leur caverne. La sagesse philosophique des esprits éclairés qui devraient diriger la sagesse vulgaire des peuples, ne fait plus que les pousser plus fortement à leur perte et à leur ruine.

L’autre critique est celle des érudits, incapable de donner la sagesse à ceux qui la cultivent. Mais cette analyse vraiment divine des pensées humaines qui va écartant toutes celles qui n’ont point un enchaînement naturel, qui nous conduit par un étroit sentier de l’une à l’autre, et nous met en main le fil délié qui peut nous guider dans le labyrinthe du cœur de l’homme ; qui nous donne une certitude, différente à la vérité de celle des mathématiques, mais sans laquelle la politique ne peut conduire les hommes, ni l’éloquence les