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regarde comme les seules qui soient sérieuses et graves ; ce ne sont que méthodes, que règles critiques ; mais ces méthodes sont de telle nature, qu’elles divisent et dispersent pour ainsi dire les forces de l’entendement, faculté destinée par la nature à saisir l’ensemble de chaque chose. Or, pour embrasser l’ensemble d’une chose, notre âme doit la considérer sous tous les rapports qu’elle peut jamais avoir avec le reste de l’univers, et saisir du premier coup d’œil la liaison secrète qui existe entre cette chose et celles qui en sont le plus éloignées : en quoi consiste la puissance du génie, père de toutes les inventions. C’est au moyen de la topique que nous pouvons acquérir de cette manière la connaissance de la vérité ; et la topique est repoussée comme inutile par les philosophes du jour. Elle seule pourtant peut nous secourir dans les affaires pressantes qui ne permettent point de délibération ; et comme la perception est une opération antérieure à celle du jugement, seule elle peut nous préparer une critique qui, en proportion de sa certitude, est à la fois utile à la science, soit qu’il s’agisse d’expériences sur la nature, ou des inventions des arts ; utile à la sagesse pratique, pour former des conjectures sur le jugement des choses faites, ou sur la conduite des choses à faire ; utile enfin à l’éloquence, à laquelle elle fournit des preuves plus complètes et d’ingénieux rapprochements. Lorsque les savants ignoraient encore la nouvelle méthode, on a vu naître tout ce qu’il y a de grand et de merveilleux dans notre civilisation. Depuis, l’esprit humain semble stérilisé et frappé d’impuissance ; plus d’invention digne d’être remarquée.

Des deux critiques propres aux modernes, l’une est