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plus éprouvés par des observations et des expériences : les sciences morales ne sont plus étudiées ; il suffit, dit-on, de la morale prescrite par l’Évangile. Les sciences politiques le sont encore moins ; c’est une opinion reçue qu’il ne faut qu’une heureuse facilité d’intelligence et de la présence d’esprit pour conduire les affaires avec avantage. Quant au droit romain, la Hollande seule produit sur cette matière quelques ouvrages, et encore sans importance. La médecine, dominée par le scepticisme, s’abstient d’écrire, de peur d’affirmer.

Tel fut le sort des Grecs da Bas-Empire. Leur sagesse finit par se perdre dans l’étude d’une métaphysique inutile et même nuisible à la société, et dans celle d’une géométrie étrangère aux applications de la mécanique. Chez nous, comme autrefois chez eux, il faut que les hommes de lettres, esclaves du goût de leur siècle, abrègent ce que les autres ont pensé, plutôt que de l’approfondir et d’aller au delà. Il faut qu’ils composent des dictionnaires, des bibliothèques, des résumés, comme faisaient au dernier âge de la littérature grecque les Bayle et les Moreri de Constantinople ; car on peut désigner ainsi les Photius, les Stobée et tant d’autres, avec leurs bibliothèques, leurs sylves, leurs choix ou églogues, qui répondent précisément aux résumés de notre époque.


1729. — Lettre à D. Francesco Solla, publiée avec d’autres pièces inédites par M. Antonio Giordano, 1818, et dans le second volume des Opuscules. — La foule des savants de nos jours se porte vers les études qu’on