dans les langues et dans l’histoire, sur cette sagesse vulgaire, mère de la philosophie et trop souvent méconnue d’elle. Il était naturel que cette protestation partît de l’Italie. Malgré le génie subtil des Cardan et des Jordano Bruno, le scepticisme n’y étant point réglé par la Réforme dans son développement, n’avait pu y obtenir un succès durable ni populaire. Le passé, lié tout entier à la cause de la religion, y conservait son empire. L’Église catholique invoquait sa perpétuité contre les protestants, et par conséquent recommandait l’étude de l’histoire et des langues. Les sciences qui, au moyen âge, s’étaient réfugiées et confondues dans le sein de la religion, avaient ressenti en Italie, moins que partout ailleurs, les bons et les mauvais effets de la division du travail ; si la plupart avaient fait moins de progrès, toutes étaient restées unies. L’Italie méridionale particulièrement conservait ce goût d’universalité qui avait caractérisé le génie de la Grande Grèce. Dans l’antiquité, l’école pythagoricienne avait allié la métaphysique et la géométrie, la morale et la politique, la musique et la poésie. Au treizième siècle, l’Ange de l’école avait parcouru le cercle des connaissances humaines pour accorder les doctrines d’Aristote avec celles de l’Église. Au dix-septième, enfin, les jurisconsultes du royaume de Naples restaient seuls fidèles à cette définition antique de la jurisprudence : scientia rerum divinarum atque humanarum. C’était dans une telle contrée qu’on devait tenter pour la première fois de fondre toutes les connaissances qui ont l’homme pour objet dans un vaste système, qui rapprocherait l’une de l’autre l’histoire des faits et celle des langues, en les éclairant toutes
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