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opinari), posaient d’abord des vérités incontestables, d’où ils descendaient par une chaîne de vérités secondaires jusqu’aux choses douteuses ; leur arme, c’était le sorite. Aristote, qui établissait le sens et l’intelligence pour juges du vrai, se servait du syllogisme ; il présentait les vérités sous une forme générale, pour en tirer avec certitude les choses spéciales qui étaient en question. Épicure enfin, qui rapportait aux sens la notion du vrai, n’accordait rien, ne demandait rien à ses adversaires, mais exposait les choses dans un style nu et simple. Mais aujourd’hui, nos élèves sont souvent exercés à la dialectique par un partisan d’Aristote, instruits dans la physique par un épicurien, dans la métaphysique par un cartésien. Ils apprennent la théorie de la médecine d’un disciple de Galien, la pratique d’un chimiste. Ils étudient les Institutes d’après Accurse, le Gode d’après Alciat, les Pandectes d’après quelque autre jurisconsulte ; nul accord, nulle harmonie dans l’enseignement.

Il termine en s’excusant d’avoir entrepris de traiter un si vaste sujet. Professeur d’éloquence, il a été obligé de jeter un coup d’œil sur tous les arts, sur toutes les sciences. L’éloquence n’est autre chose que la sagesse qui parle d’une manière ornée, abondante et conforme au sens commun de l’humanité.


III. Extrait d’un discours prononcé en 1707, et cité par l’auteur dans sa Vie. — C’est la peine du péché : les hommes sont séparés de langue, d’intelligence et de cœur. De langue : elle nous manque souvent, souvent elle trahit les idées par lesquelles l’homme