l’imagination ou sur la mémoire, tels que la peinture, ïa poésie, l’art oratoire, ou la jurisprudence. La critique, instrument commun de tous les arts, de toutes les sciences, ne doit jamais en gêner la culture. Ces inconvénients n’avaient point lieu chez les anciens qui, généralement, faisaient de la géométrie la logique des enfants ; s’attacharit à suivre la direction de la nature, ils enseignaient aux enfants la science qu’on ne peut bien apprendre sans imagination ; de sorte que, par des progrès insensibles, ils habituaient ces jeunes esprits à l’exercice de la raison.
De nos jours la critique est seule cultivée, et la topique (ou art d’inventer), qui devrait la précéder, est négligée entièrement. C’est encore une erreur : l’invention des choses précède naturellement le jugement que l’on porte de leur vérité ; la topique doit donc précéder la critique. La première nous habituant à parcourir successivement les lieux qui peuvent nous fournir des raisons, nous rend capables d’apercevoir sur-le-champ, dans chaque cause, tous les moyens de persuader. Écoutez nos critiques lorsqu’on leur propose une question douteuse : je verrai, disent-ils, j’examinerai. — [Mais, dira-t’on, en parcourant tous les moyens de persuasion, on en rencontre de légers, de frivoles.] — L’éloquence doit se régler sur l’esprit des auditeurs ; c’est par ces frivolités que Cicéron régna au barreau, dans le Sénat, surtout à la tribune ; et il n’en fut pas moins l’orateur le plus digne de la majesté de l’empire romain. Lequel croire, d’Arnauld qui regarde la topique comme inutile à l’éloquence, ou de Cicéron qui déclare que c’est surtout par la topique qu’il est devenu éloquent. D’autres décideront entre eux ; pour nous, juges