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Aulisio, professeur de droit à Naples, qui savait neuf langues, et qui écrivit sur la médecine, sur l’art militaire et sur l’histoire. D’abord ennemi de Vico, Aulisio se réconcilia avec lui après la lecture du discours De nostri temporis studiorum Ratione. Nous n’avons ni les lettres qu’il écrivit à ces trois derniers, ni leurs réponses.


Dans le troisième volume des Opuscules, Vico offre une preuve nouvelle que le génie philosophique n’exclut point celui de la poésie. Ainsi sont dérangées sans cesse les classifications rigoureuses des modernes. Quoi de plus subtil, et en même temps de plus poétique que le génie de Platon ? Vico présente aussi, par ce double caractère, une analogie remarquable avec l’auteur de la Divine Comédie.

Mais c’est dans sa prose, c’est dans son grand poème philosophique de la Scienza nuova, que Vico rappelle la profondeur et la sublimité de Dante. Dans ses poésies proprement dites il a trop souvent sacrifié au goût de son siècle. Trop souvent son génie a été resserré par l’insignifiance des sujets officiels qu’il traitait. Cependant plusieurs de ces pièces se font remarquer par une grande et noble facture. Voyez particulièrement l' Exaltation de Clément XII, le Panégyrique de l'électeur de Bavière, Maximilien Emmanuel ; la Mort d’Angela Cimini ; plusieurs sonnets, pages 7, 9, 190, 195 ; enfin, un épithalame dans lequel il met plusieurs des idées de la Scienza nuova dans la bouche de Junon.

Nous ne nous arrêterons que sur les poésies où Vico a exprimé un sentiment personnel. La première est une élégie qu’il composa à l’âge de vingt-cinq ans (1693) ; elle est intitulée Pensées de mélancolie. A travers les concetti ordinaires aux poètes de cette époque, on y démêle un sentiment vrai : « Douces images du bonheur, venez encore aggraver ma peine ! Vie pure et tranquille, plaisirs honnêtes et modérés, gloire et trésors acquis par le mérite, paix céleste de l’âme (et ce qui est plus poignant à mon cœur), amour dont l’amour est le prix, douce réciprocité d’une foi sincère !… » Longtemps après, sans doute de 1720 à 1730, il répond par un sonnet à un ami qui déplorait l’ingratitude de la patrie de Vico. « Ma chère patrie m’a tout refusé !… Je la respecte et la révère. Utile et sans récompense, j’ai trouvé déjà dans cette pensée une noble consolation. Une mère sévère ne caresse point son fils, ne le presse point sur son sein, et n’en est pas moins honorée… » La pièce suivante, la dernière du recueil