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uno juris principio et De constantia jurisprudentis, l’ouvrage, dit-il lui-même, n’éprouva qu’une critique, c’est qu’on ne le comprenait pas.

Lorsque la Science nouvelle parut en 1725, elle fut attaquée par les protestants et par les catholiques. Tandis qu’un Damiano Romano accusait le système de Vico d’être contraire à la religion, le journal de Leipsick insérait un article envoyé par un autre compatriote de Vico, dans lequel on lui reprochait d’avoir approprié son système au goût de l’Église romaine. Vico accepte ce dernier reproche, mais il ajoute un mot remarquable : N’est-ce pas un caractère commun à toute religion chrétienne, et même à toute religion, d’être fondée sur le dogme de la Providence ? (Recueil des Opuscules, t. I, p. 141.) — L’accusation de Damiano a été reproduite en 1821, par M. Colangelo[1].

On a vu comment Vico abandonna la méthode analytique qu’il avait suivie d’abord pour donner à son livre une forme synthétique. Dans la seconde édition (1730), il part souvent des idées de la première comme de principes établis, et les exprime en formules qu’il emploie ensuite sans les expliquer.

  1. Damiano Romano. Défense historique des lois grecques venues à Rome contre l’opinion moderne de M. Vico, 1736, in-4o. — Quatorze Lettres sur le troisième principe de la Scienza nuova, relatif à l’origine du langage ; ouvrage dans lequel on montre, par des preuves tirées tant de la philosophie que de l’histoire sacrée et profane, que toutes les conséquences de ce principe sont fausses et erronées, 1749. — Dans la préface de son premier ouvrage, il reconnaît que Vico a mérité l’immortalité ; dans le second, fait après la mort de Vico, il l’appelle plagiaire, etc. Il croit prouver d’abord que le système de Vico n’est pas nouveau, et dans cette partie, malgré la diffusion et le pédantisme, l’ouvrage est assez curieux, en ce qu’il rapproche de Vico les auteurs qui ont pu le mettre sur la voie. — Il soutient ensuite que ce système est erroné, et particulièrement contraire à la religion chrétienne. Le critique bienveillant rappelle à cette occasion l’hérésie d’un Alméricus (p. 139), dont on jeta les cendres au vent.
      M. Colangelo. Essai de quelques considérations sur la Science nouvelle, dédiée à M. Louis de Médici, ministre des finances, 1821.
      Quelques admirateurs de Vico ont appuyé ces injustes accusations, qu’ils regardaient comme autant d’éloges. Dans le désir d’ajouter Vico à la liste des philosophes du dix-huitième siècle, ils ont prétendu qu’il avait obscurci son livre à dessein, pour le faire passer à la censure. Cette tradition, dont on rapporte l’origine à Genovesi, a passé de lui à Galanti son biographe, et ensuite à M. de Angelis. Les personnes qui ont le plus étudié Vico, MM. de Angelis et Jannelli, n’y ajoutent aucune foi, et la lecture du livre suffit pour la réfuter.