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mière édition de la Scienza nuova, avec l’inscription suivante :


AU TIBULLE CHRÉTIEN,
AU PÈRE LOUIS-DOMINIQUE,
JEAN-BAPTISTE VICO,
POURSUIVI ET BATTU
PAR LES ORAGES CONTINUELS D’UNE FORTUNE ENNEMIE, ENVOIE CES DÉBRIS INFORTUNÉS DE LA SCIENCE NOUVELLE ; PUISSENT-ILS TROUVER CHEZ LUI AU PORT UN LIEU DE REPOS.


Dans son enseignement, Vico s’intéressait vivement aux progrès de la jeunesse, et pour la désabuser ou l’empêcher de tomber dans les erreurs des faux docteurs, il ne craignit pas de s’exposer à la haine des savants. Il ne parlait jamais de l’éloquence sans l’appuyer des préceptes de la sagesse, dont elle n’est, disait-il, que l’expression. Il ajoutait que son enseignement, en dirigeant les esprits, devait tendre à les rendre universels. En s’exprimant sur tel sujet particulier, il savait si bien conduire son discours qu’il paraissait animé de l’esprit de toutes les sciences qui avaient quelque rapport à son objet. C’est dans ce sens qu’il avait dit dans son discours De Ratione studiorum qu’un Platon (pour citer un illustre exemple) était chez les anciens, comme une de nos universités, dirigée par un seul système. Ainsi il parlait tous les jours avec autant d’éclat, avec une érudition aussi profonde et un esprit aussi varié que si des savants étrangers eussent assisté à son cours. Il était porté à la colère, et il fit tous ses efforts pour ne pas s’y livrer en écrivant, et il avouait publiquement que son défaut était de s’emporter, par suite d’une sensibilité excessive, contre les erreurs d’esprit ou de système, ou contre les mauvais procédés de ses rivaux en littérature, tandis qu’il aurait