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habile, de risquer à soixante ans la cure périlleuse des fumigations de cinabre, qui, si par malheur elles attaquent les nerfs, déterminent l’apoplexie même chez les jeunes gens. Dans sa réponse, Vico s’appuie d’une foule de raisons péremptoires pour traiter de vagabond inconnu celui qui avait ourdi cette imposture. Vico traite les journalistes de Leipsick avec politesse, comme on doit traiter les littérateurs d’une nation si célèbre ; et il les avertit de se garder de ce faux ami qui perd ceux dont il a surpris l’estime, en les mettant dans le cas d’avouer qu’ils insèrent des critiques sans ouvrir les livres critiqués. Il exhorte celui qui traite ainsi ses amis plus mal que ses ennemis, qui diffame son pays et trahit les nations étrangères, à ne plus vivre avec les hommes, mais avec les bêtes féroces de l’Afrique. Il avait résolu d’envoyer à Leipsick un exemplaire de la Scienza avec cette lettre adressée au signer Burchard Menkenius, directeur du journal et premier ministre du roi actuel de Pologne. Mais bien que cette lettre eût été écrite avec tous les égards possibles, Vico, réfléchissant que c’était reprocher en face à ces savants d’avoir manqué à leurs devoirs, puisqu’ils achètent journellement les livres sortis de toutes les presses de l’Europe, et doivent par conséquent bien les connaître, Vico eut la politesse de ne pas l’envoyer.

Comme en répondant aux journalistes de Leipsick Vico devait leur parler de la réimpression qui se faisait de son ouvrage à Venise, il écrivit au P. Lododi pour en obtenir la permission. Ce fut alors que les imprimeurs de Venise, comme savants et amateurs, lui firent demander, par son imprimeur Mosca, tous ses