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m’a témoigné combien il était affligé d’une disgrâce que vous aviez si peu méritée. Vico lui répondit : Je rends mille grâces au cardinal de cette générosité, noble caractère des grands ; elle honore un sujet dont la plus grande gloire est d’obéir à son prince.

Après toutes ces occasions de deuil, une joyeuse circonstance s’offrit à lui dans le mariage du signor Giambattista Filomarino, chevalier aussi distingué par sa piété et sa générosité que par la gravité de ses mœurs et son esprit cultivé, avec dona Maria-Vittoria Garacciolo, de la famille des marquis de S. Eramo. Dans le recueil des pièces faites à cette occasion, et imprimées in-4o, se trouve un épithalame de Vico dont l’idée est neuve, et un monologue dramatique intitulé Junon à la danse. Junon, déesse des mariages, y parle seule, et invite les grands dieux à danser. Vico, sans s’écarter du sujet, y expose quelques principes de la mythologie historique si bien développée dans la Scienza nuova.

Sur ces mêmes principes, il composa une canzone pindarique en vers libres ; il y trace l’histoire de la poésie depuis son origine jusqu’à nos jours. Cette pièce est dédiée à la haute et respectable dame Marina della Torre, noble génoise, duchesse de Carignan. Alors, quoique interrompue pendant tant d’années, l’étude qu’il avait faite étant jeune des écrivains vulgaires lui permit, dans un âge plus avancé, de composer deux discours en leur langue, et de déployer toute la magnificence de cette langue dans la Scienza nuova. Le premier des deux discours fut l’oraison funèbre d’Anna d’Aspramonte, comtesse d’Althan, mère du vice-roi cardinal d’Althan. Il la composa en mémoire d’un