Point d’aventures, peu d’anecdotes. Vico ne sortit guère de Naples. Il naquit, il vieillit pauvre, dans les fonctions obscures de l’enseignement ; heureux et reconnaissant, lorsque les grands, les gouverneurs espagnols ou autrichiens lui faisaient l’honneur insigne de lui commander un discours, une épitaphe, un épithalame. Qu’un esprit si indépendant ait montré tant de respect et d’admiration pour la puissance, c’est un contraste qui pourra étonner ceux qui ne connaissent pas l’Italie.
Humilité vaniteuse, glorioles académiques, éloges splendides d’une foule d’illustres inconnus : c’est là ce qu’on retrouverait dans la vie de tous les lettrés de cette époque. Au milieu de ces misères, dont il se croit lui-même préoccupé sérieusement, on distingue que sa seule affaire est la poursuite de sa grande idée. Il faut voir comme il partit de loin, comme il gravit péniblement des pieds et des mains l’âpre et solitaire sentier de sa découverte, s’élevant chaque jour à une région inconnue, ne rencontrant nul autre émule à surpasser que soi-même, se modifiant, et, comme dit Dante, transhumanant à mesure qu’il montait ; comment enfin, lorsqu’il eut monté, qu’il se retourna et s’assit, il se trouva avoir, en une vie d’homme, escaladé toute une science.
Le malheur, c’est qu’arrivé là, il se trouvait seul ; personne ne pouvait plus comprendre. L’origi-