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ils se consolaient d’avoir émis de faux jugements sur notre système, se flattant que la précipitation avait seule dicté les vôtres ; et qu’ensuite découvrant que mes principes étaient ou futiles, ou faux, ou seulement spécieux, vous apprendriez sans doute au monde savant qu’ils n’avaient que peu ou point de valeur. De ce nombre étaient les philologues qui n’ont étudié la philosophie que pour faire preuve de mémoire ; ceux-là vous refuseraient le savoir qu’ils s’arrogent, plutôt que de souffrir qu’un seul mot des anciens fût soupçonné d’être faux ou corrompu par la tradition. À ces philologues sont naturellement opposés les philosophes qui, croyant par les règles de la méthode, pouvoir connaître toute vérité, négligent, abhorrent même la philologie, et qui, sous le nom de philosophes, vrais Scythes, vrais Arabes, proscrivent dans leur barbarie la science que nous ont léguée les anciens et que l’étude a remise en honneur. Enfin tiennent le milieu entre ces deux extrêmes ces légistes, ces avocats bavards qui ignorent ou la philologie ou la philosophie, et souvent l’une et l’autre. Les premiers ont une érudition assez variée, mais ne connaissent rien à la métaphysique qui circule dans toutes les parties de notre ouvrage, comme la vie dans les organes ; par défaut de nature et par défaut d’études géométriques, ils sont inhabiles à suivre les longs raisonnements qui en forment en quelque sorte le tissu. Les seconds, au contraire, métaphysiciens subtils, peuvent avoir assez de méthode géométrique, mais ils n’ont rien de l’érudition qui nous a fourni les éléments du système. Pour les derniers, privés du secours de la philologie et de la philosophie, fiers de leur intelligence, et ayant