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ainsi sa coutume de lire, d’écrire et de méditer. Il l’avait résumée en un sommaire d’une page. Il l’exposa avec la même facilité que s’il eût professé le droit toute sa vie, avec une telle abondance de paroles qu’un autre aurait eu pour deux heures à parler, se servant toujours des mots les plus fleuris d’une jurisprudence élégante, des termes techniques grecs, et pour les expressions consacrées par l’école, préférant toujours le mot grec au barbare. Une seule fois la difficulté du mot prozezrannenôn le fit hésiter ; mais il ajouta : Ne soyez point surpris de cette hésitation ; l’antitupia, du mot m’a seul arrêté ; de sorte que cette hésitation même parut à beaucoup de personnes d’un bel effet, puisqu’il l’avait rachetée par un autre mot grec si expressif et si élégant. Le lendemain il écrivit son discours tel qu’il l’avait prononcé, et en distribua des exemplaires, entre autres personnes, au signor D. Domenico Caravita, premier avocat des cours suprêmes, et digne fils du signor D. Nicolo : il n’avait pu assister au concours.

Vico pouvait agir ainsi en conséquence de ses services et du mérite de sa leçon qui, applaudie universellement, lui avait fait espérer d’obtenir la chaire. Mais lorsqu’il eut appris le fâcheux événement, pour qu’on ne pût l’accuser de fierté ou de fausse délicatesse, s’il ne faisait aucune démarche, s’il ne sollicitait point, et ne remplissait les autres devoirs que la bienséance exige des candidats, il céda aux conseils et à l’autorité du signer D. Domenico Caravita, homme sage, et pour lui très bienveillant, lequel lui conseilla de se retirer. Et, en effet, Vico alla déclarer avec noblesse qu’il se désistait de ses prétentions.