Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
L’ESCOLE DES FILLES


me veoir et conçoit de là une meilleure opinion de moy.

Susanne. Et cependant elle n’a rien descouvert de vos affaires ?

Fanchon. Non, point du tout. O ! qu’elle n’a garde, vrayement ; j’y donne trop bon ordre.

Susanne. Mais en quel état sont-elles à présent ?

Fanchon. Très-bien, ma cousine, excepté seulement que Robinet ne me vient pas veoir si souvent que je le voudrois bien.

Susanne. Tu es donc bien accoutumée avec luy, à ce que je vois ?

Fanchon. O ! qu’ouy vrayement, nous sommes en la meilleure intelligence du monde.

Susanne. Et n’as-tu pas eu un peu de peine auparavant, et n’as-tu pas trouvé estrange du commencement de ses façons de faire ?

Fanchon. Vous allez tout sçavoir, et vrayement, si vous m’avez fait autrefois des contes de plaisir et de chatouillement, j’en ay bien d’autres tout prêts à vous faire à ceste heure ; j’ai de quoy vous payer en la mesme monnoie que vous m’avez fait.

Susanne. Dis donc vite, ma connaude, cela ne peut estre mauvais, de la façon que je me le figure, et quand tu auras dit, par après nous verrons si tu as affaire à un habile homme.