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L’ESCOLE DES FILLES.


asseoir ? Vous voiez, il n’y a icy personne que moy, avec nostre servante.

Susanne. Pauvre fille, que fais-tu là ? Tu travailles.

Fanchon. Ouy.

Susanne. Hélas ! je pense que c’est là ton plus grand affaire, car tu ne sors presque point de la maison, et les femmes te peuvent bien venir voir à ta chambre si elles veulent, car pour les hommes, c’est comme un couvent de religieuses, et il n’y en entre non plus que s’il n’en estoit point au monde.

Fanchon. Hélas ! je vous laisse dire, ma cousine. Mais aussi, que ferois-je des hommes, à vostre advis, s’il n’y en a point qui pense à moi ? Et puis ma mère dit que je ne suis pas encore assez bonne à marier.

Susanne. Pas bonne à marier (1) ! une fille de seize ans, grande et grasse comme tu es ! Voilà bien débuté pour une mère qui devroit songer à ton plaisir autant comme elle a fait au sien. Et où est l’amour et charité des pères et mères envers leurs enfants ? Mais ce n’est point encore cela que je te voulois dire, car, dis-moy, au pis-aller, es-tu simple de croire qu’on ne puisse avoir compagnie d’homme sans estre mariée ?

Fanchon. Nenny vrayement, vous ne me