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LE COMBAT DU VIT ET DU CON


Pour penser triompher de son ingratitude,
Avant qu’elle vous donne en ses flancs refouillés
Signe par une fleur que vous la chatouillez :
Si vous ne l’arrosez, la peine est superflue.
Tout de mesme en est-il d’une femme foutue,
Car l’humeur du vit est de matrice appeté
Comme eau d’un terroir secq en la plus chaude esté ;
Et sans son émission que nature souhaicte,
Ceste noble action est du tout imparfaicte,
Et le vit d’un chastré nous seroit aussi cher
Qu’un gros vit succulent, rubicond, plein de chair.
Et à quoy serviroient ces fameuses ovales,
Ces grelots amoureux, ces charmantes cimbales
Jointes à ce villain qui s’efforce à taston
De gagner en foutant la part de son tirton ?
Dans ce doux remuement, le cul faict les minutes,
Les coüillons sonnent l’heure au plus bas de la butte,
Ou bien sans ces deux cy, manquant de contrepoids,
L’horloge est immobile et la cloche sans voix.
Ceste blanche liqueur, si douce et tout aymable,
Rend les désirs contents et le sort favorable.
Le poisson nous enseigne, au profond de la mer,
Le mistère de foutre, et les oiseaux en l’air
Nous asseurent qu’il faut de ceste admirable onde
Pour pouvoir provigner la grand’ race du monde.
Ainsi femme qui dit que le vit sec est bon
Voudroit oster la saulce et le sel au jambon,
Ce qu’il est de plus doux en toute la nature