Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/188

Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
L’ESCOLE DES FILLES


traigne de plus en plus fort et luy laisse deviner, quand elle crie, si c’est de douleur ou de plaisir.

(91) Fanchon. Ma cousine, quand je vous escoute, ces leçons sont bien esloignées de celles qu’une mère faict à sa fille quand elle lui presche la vertu et l’honnesteté.

Susanne. Ainsi va le monde, ma pauvre cousine : le mensonge gouverne la vérité, la raison veut reprendre l’expérience, et les sottises s’érigent en titre de bonnes choses. La virginité est une très-belle chose en paroles et très-laide en ses effects ; au rebours, la paillardise n’a rien de plus hydeux que le nom et rien de plus doux que les effects. Les gens mariés paillardent aussi bien que les autres, ils font toutes les mesmes actions et postures, et encore plus souvent que les garçons et les filles ; les plus scrupuleux, c’est toujours le vit au con qu’ils agissent, et la cérémonie ne change rien au mistère d’amour. Mais c’est assez prescher pour un coup, nous ne sommes point icy pour corriger le monde : il faut qu’il y ayt des fols pour faire paroistre les sages, et ceux-cy ont d’autant de plaisir à cela qu’ils sont seuls à le cognoistre et qu’ils se mocquent de la folie des autres.

Fanchon. Ma cousine, c’est bien dit ; au lieu