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L’ESCOLE DES FILLES


perdu d’ayse et de transport avant que d’estre arrivé jusques au noir.

Fanchon. C’est donc encore ainsi que vous appelez le con ?

Susanne. Ouy, en paroles de philosophie et couvertes, en prenant la qualité pour la chose ou le corps.

Fanchon. Certainement il pasmeroit de douceur, comme vous dites. S’il arrivoit qu’il pourroit une fois mettre la main dessus, il n’auroit point la force d’y mettre autre chose. Quel crève-cœur ce seroit, s’il venoit à mourir sans avoir peu enfiler tant de beautez ensemble !

(88) Susanne. Ma foy, je le pense, mais le plaisir n’est pas moindre pour la fille quand toutes les qualitez requises se rencontrent en celuy qui la caresse.

Fanchon. Or, voyons donc celles qu’il doibt avoir aussi, et puis nous ferons un assemblé parfaict de ces deux moitiés accouplées.

Susanne. Presque toute la beauté de l’homme consiste en la belle taille et en la force du corps, non pas en la délicatesse, comme celle de la femme. Je veux pourtant qu’il soit propre en ses habits et en sa personne, qu’il ayt la face grave et majestueuse, les yeux doux et brillans, le nez un peu grandelet et rien de difforme en tout le visage. Je veux qu’il soit de