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L’ESCOLE DES FILLES

Susanne. Or sus, trefve de compliments, et disons encore cecy : l’amour a cela d’accommodant qu’il satisfaict entièrement tout le monde selon sa portée : les ignorans par une pleine jouyssance des plaisirs qu’ils y trouvent sans sçavoir d’où ils viennent, les habiles gens par les douces imaginations que l’esprit y conçoit en les recevant. Par exemple, dans ceste posture que l’homme faict tenir à la femme quand elle monte dessus, combien de douces considérations peuvent satisfaire l’esprit, causées par le seul eschange mutuel des devoirs et des volontez qui se practique entre eux ; car de chevaucher simplement une femme qui se laisse faire et que la honte ou la froideur empeschent de passer outre dans la recherche du plaisir, c’est une satisfaction commune, et il n’y a que le plaisir de descharger dans son con qui chatouille les sens de l’un et de l’autre pour un peu de temps. Mais quand, au lieu de veoir que l’homme se tourmente pour venir au point désiré, c’est au contraire la femme qui prend ceste peine de chevaucher et qui prend la peine d’elle mesme de s’engaigner autour de sa forte et dure lance, en faisant pour cela, à ses yeux, les actions requises et nécessaires, ô ! dame, c’est un bonheur qui n’a point d’esgal et qui les doibt ravir en des contentemens extrêmes. (80) Car