souspirs, esvanouissemens, pasmoisons et coups de main, et toutes les autres caresses que nous avons dites plus amplement à la fin de nostre première conférence, tellement qu’il faut finir celle-cy, et remettre, s’il y a encore quelque chose à dire, à une autre fois.
Fanchon. Ma cousine, touchez là, vous me le promettez donc.
Susanne. Ouy, ouy, je te le promets ; il ne faut point tant de cérémonies.
(79) Fanchon. Cela estant, me voylà en repos et je n’ay plus qu’à vous remercier des bontez que vous m’avez tesmoignées jusques à ceste heure, dont je vous seray éternellement redevable.
Susanne. Comme tu complimentes ! O la belle chose ! et de quoy me remercieras-tu ?
Fanchon. De la patience que vous avez eue à m’instruire tout aujourd’huy, à former mon esprit grossier, qui estoit sans la practique des choses et sans en concevoir les raisons les plus excellentes. Le dernier fruict de vostre discours, c’est que l’amour est une source inespuisable de pensées, et que l’on ne sçauroit dire de luy tant de choses bonnes et de raisons qu’il y en a là où vous avez eu la bonté et l’adresse de me conduire peu à peu, des plus communes et des plus basses jusques aux plus relevées.