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L’ESCOLE DES FILLES


tions ; tellement que l’un ne peut pas s’imaginer estre changé en l’autre, qu’il ne s’imagine aussi que l’autre soit changé en luy. Il faut adjouster à cela que si vous les voyiez de loin accouplés comme ils sont, vous les prendriez l’un pour l’autre ; voylà une raison qui me semble assez pertinente.

Fanchon. Et qui a bien du rapport à nostre première façon de concevoir et qui la fortifie beaucoup dans mon esprit.

Susanne. Quelle ?

(77) Fanchon. Qu’une moitié désire de s’unir à son autre moitié.

Susanne. C’est un tesmoignage de bonté du principe quand les effects et les raisons de la cause qu’on en tire sont bien deduits.

Fanchon. Je suis donc d’advis que nous nous tenions à celui là, ma cousine, sans en chercher d’autre, car aussi bien nous n’en trouverons pas de meilleur.

Susanne. C’est ce qui me semble, mais cependant remarque donc bien ce que nous avons dit ce jourd’huy, pour t’en resouvenir, car après cela je ne pense pas qu’on puisse faire d’autres recherches sur l’amour que celles que nous avons expliquées.

Fanchon. Faites-moy une petite récapitulation, je vous en prie.

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