Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/146

Cette page a été validée par deux contributeurs.
136
L’ESCOLE DES FILLES


sus. Comme il croit que j’ay de l’esprit, et du plus fin, il m’a dit que quelquefois, quand il m’avoit entendu discourir sur des matières relevées et honestes, lorsqu’il me pouvoit tirer à l’escart, il estoit si animé à me chevaucher sur le champ, qu’il ne pouvoit plus commander à son vit roide, et ce pour la beauté de mon âme ; qu’il luy sembloit qu’il me chevauchoit l’esprit en me chatouillant le corps, tant il prenoit plaisir à chercher ceste âme par le dedans.

(56) Fanchon. Je suis contente de cela, ma cousine, et me voylà suffisamment instruite ès amours et coustumes des hommes ; mais à l’esgard des filles, sur qui l’amour n’a pas moins de pouvoir, d’où vient qu’il y en a qui sont si scrupuleuses de les baiser, quand mesme on n’en sçauroit rien, et que le bon Dieu, comme vous dites, n’y seroit point offencé ?

Susanne. Ho ! ho ! c’est qu’elles ont peur d’engrosser.

Fanchon. Et comment, ma cousine, c’est donc cela qui engrosse ? et si j’avois à le devenir par tant de foutre que Robinet m’a mis dedans le con ?

Susanne. Va, va, n’aye pas peur ; j’aurois trop de pitié de toy, si cela t’arrivoit, et j’ay des remèdes en ce cas qui ne te manqueront pas au besoin.