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L’ESCOLE DES FILLES


la culasse, et venir en diminuant vers la teste.

(46) Fanchon. Une autre difficulté me survient.

Susanne. Et quelle ?

Fanchon. D’où vient que les hommes, quand ils nous foutent, nous disent quelquefois des injures et des villaines paroles, au lieu de nous en dire de plus honestes, car je ne sçaurois concevoir que l’amour leur fasse dire cela ; c’est enfin toute douceur que l’amour, et qui ne peut rien faire dire qui ne soit de luy.

Susanne. Il est vray, m’amie, et c’est en cela que tu ne le conçois pas. Tout ce qu’ils nous disent d’injurieux et de sale, c’est par amour, et je m’en vais te (47) monstrer comment. Tu doibs sçavoir que la principale cause de l’amour c’est le plaisir du corps, et sans cela il n’y auroit point d’amour.

Fanchon. Ha ! je nie cela, ma cousine. Je sais bien tout ce que vous me direz, qu’il y a des amours brutales ; il est vray, mais il y en a qui ne le sont point aussi, et la différence de les connoistre, c’est que les dernières durent longtemps là où que les autres ce n’est que feu de pailles ; elles sont passagères avec le plaisir.

Susanne. Elles sont toutes brutales, m’amie, si tu le prends là, et je te le prouveray sur le champ, mais donne-moy le temps pour parler.