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L’ESCOLE DES FILLES


moy, et je t’advise seulement qu’en usant envers luy de ces préparatifs pour le plaisir, il ne sçaura quelles caresses te faire par après, et quand il te donneroit tout son bien, il te donneroit encore son âme avec, et s’estimeroit, plus que tout cela, estre encore ton redevable.

Fanchon. Ma cousine, je vous remercie de tant de bontés, et je m’en serviray quand je seray en pouvoir de le faire. Mais, pour le présent, il faut un peu laisser couler le mauvais temps qui ne nous donne pas tant de loisir possible pour jouir de nos amours et auquel je luy puisse donner toutes les marques de mon affection.

Susanne. O bien ! arrive quand il pourra, mais sçache que c’est la faute ordinaire des jeunes gens qui ne songent rien qu’au temps présent et ne pensent pas à faire durer leurs plaisirs long temps (36) en se pourvoyant pour cela de moyens utiles et nécessaires. Mais quoy enfin, ne vois-tu pas Robinet quand tu veux ?

Fanchon. Nenny, ma cousine, et depuis quinze jours en ça que ma mère a fait porter mon lict en sa chambre, pour raccommoder la mienne, je ne l’ay veu quasi qu’en sa présence.

Susanne. Et comment as-tu donc fait pour avoir sa compagnie ? T’en es-tu bien peu passer jusques icy ?