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L’ESCOLE DES FILLES


aux prises avec ton amy et que tu ne sçaches comment te porter à l’escarmouche : (35) il faut que tu uses envers luy de petites affeteries de la voix, qui sont les vraies délices en amour. Par exemple, tandis qu’il remuera sur toy, dis-lui quelques paroles de douceur et sans contrainte et qui partent de l’essence du plaisir et de l’amour que tu auras ; appelle-le ton cœur, ton âme et ta vie ; dis-luy que tu es bien ayse et applique tout ton esprit à la pensée de vostre besoigne. Il y a des certains hélas ! ou ah ! qui sont faits si à propos et qui percent l’âme de douceur à ceux qui nous les causent ; car nous faisons cecy, penses-tu, non pas comme les bestes, par brutalité et par nécessité, mais par amour et par connoissance de cause. Et fais quelque petit grattement de mains ou petit remuement de croupion qui le comble de joye infinie ; si tu as quelque chose à luy demander, il le faut faire en ce temps-là où il ne te refusera pas, car il n’y a rien qui ouvre tant le cœur et la condescendance et confidence et à se déclarer mutuellement ses pensées, comme les actions secrettes de la fouterie, et il s’est trouvé telle fille, qu’on n’auroit pas regardée auparavant, à qui un simple remuement de fesses a valu l’honneur d’espouser un grand seigneur. Toutes ces mignardises donc, ainsi practiquées,