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L’ESCOLE DES FILLES


temps ne peuvent s’empescher de crier, et quand on leur demande pourquoy ils crient, ils disent que c’est le plaisir.

Fanchon. Comment, c’est le plaisir ? Est-ce qu’ils prennent plaisir à crier pour s’y esbattre, ou bien si c’est que le plaisir qu’ils ont les contraigne à cela ?

Susanne. Il est encore bon de la façon que tu le dis. Je crois que c’est la force du plaisir qui les y contraint, et comme il y a des gens qui crient de douleur quand on les escorche, il y en a aussi qui crient de plaisir quand on les chatouille amoureusement.

Fanchon. Et comment font-ils pour crier si fort ?

(30) Susanne. Ils sont montés sur les filles comme des saint George, et tenant le vit au con avec un visage effaré, quand ils sentent le foutre couler, ils s’escrient à haute voix : Eh ! la, la, la, la ! donne donc, m’amie, m’amour, mon cœur, ta langue ! allonge ! et presse fort, eh ! pousse donc ! eh ! tu ne pousses pas !… Et quelquefois les voisins qui entendent cela, ou les personnes, du logis, qui n’y sont pas accoustumez, viennent au secours avec du vin et du vin aygre, croyant qu’ils se meurent de douleur, et les trouvent après la besoigne, qui se meurent de plaisir. Or, regarde la belle veuë que c’est de les trouver ainsi.