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L’ESCOLE DES FILLES


jours passés, il me fit voir une certaine gentillesse d’esprit dont j’auray à jamais mémoire, parce qu’elle est judicieuse et plaisante au possible ; il la fortifia par des instructions d’amour si plaisantes et qui sont si judicieuses à mon gré, que je crois que c’est là le meilleur moyen qu’on puisse trouver à une fille pour la rendre sçavante, tout d’un coup, à donner bien du contentement aux hommes.

Susanne. Et n’y a-t-il pas moyen de sçavoir ce que c’est ?

Fanchon. Ma cousine, vous en rirez en l’apprenant, et je me trompe fort si vous ne vous servez de son invention.

Susanne. Et quelle est-elle donc ?

Fanchon. La voicy, sans aller plus loing. Dimanche dernier, il y a trois jours, il vint me veoir sur les trois heures après midy, pendant que ma mère estoit sortie pour aller aux vespres et qu’elle m’avoit laissée seule à la maison. Je ne vous diray pas qu’il me fit cela une fois sur le coffre, à son arrivée, estant pressé, ny toutes les autres caresses qu’il me fit et devant et après, dont je fus contente à l’ordinaire. Je vous diray seulement qu’après avoir folastré quelque temps entre nous de diverses choses, et ri une bonne fois de la simplicité de ma mère qui ne s’appercevoit pas de nos folies, nous