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L’ESCOLE DES FILLES


qui sonnent mieux à l’oreille, afin que tu ne t’étonnes pas en compagnie quand tu entendras dire, comme baiser, jouir, embrasser, posséder et tant d’autres, au lieu de foutre et chevaucher, et ceux là sont bons à dire devant le monde, par honesteté, ou à des amoureux à leurs maistresses, quand ils ne les ont pas encore instruites par practique. Mais je reviens à la première explication que tu as dite, qui est certes aussi fine que j’en ay ouy dire de ma vie, et quand ce seroit moy, je n’en pourrois point inventer une plus jolie.

Fanchon. Passe pour cela, ma cousine, je vous remercie de tant de faveur ; comme vous pouvez voir, je n’y entends point de finesse, mais je m’estonne qu’il y a tant de fard parmy des choses qu’on les nomme de cent façons.

Susanne. C’est pour les faire trouver meilleures, vois-tu. Car, par exemple, le mot besoigner, c’est qu’effectivement les hommes travaillent en nous quand ils nous font cela, et qu’à les veoir remuer et se tourmenter comme ils font, il semble qu’ils prennent un œuvre à tâche et qu’il y ayt beaucoup à gagner pour eux ; enfiler, c’est qu’ils nous enfilent comme perles ; engaigner, c’est que nous avons la guaine et eux le couteau, et ainsi des autres qui sont plus doux et ont aussi leurs significations