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L’ESCOLE DES FILLES


baisa et me parla du plaisir qu’il avoit eu. Je lui parlay du mien, dont il me tesmoigna estre plus aise que du sien propre. Nous contasmes longtemps (14) pour sçavoir lequel avoit esté le plus grand, chacun disant ses raisons, le plus raisonnablement du monde, pour monstrer le grand ayse qu’il sentoit et qu’il en avoit eu plus que l’autre. A la fin, nous conclusmes sans nous accorder que chacun avoit senty le sien ; mais il me dit qu’il avoit esté plus ayse du mien et qu’il en avoit reçeu à me veoir faire, et moy je luy dis pareillement.

Susanne. Cela n’est pas sans exemple ce que tu dis ; car quand on ayme bien on est plus ayse du plaisir d’autruy que du sien propre. D’où vient que si le garçon veut faire cela à la fille quelquefois qu’elle n’est pas d’humeur, néanmoins, à cause qu’elle ayme le garçon seulement, elle consent qu’il le luy fasse, non pas pour l’amour d’elle, mais pour l’amour de luy, qui fait qu’elle luy dit, en se descouvrant sur le lict : — Sus, mon cœur, prenez de moy vostre bon plaisir et faites à vostre volonté. Et quand c’est le garçon qui n’est pas d’humeur et que c’est la fille qui en a envie, il se soumet à son vouloir et a la mesme complaisance qu’elle a euë pour luy une autre fois.

Fanchon. Je suis bien ayse de sçavoir encore