Page:Michel Millot - L’Escole des filles, 1790-1800.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
L’ESCOLE DES FILLES


qu’il remuoit, et ne me pouvant plus tenir sur les mains pour l’ayse que j’avois, les bras me faillirent et je tombay le nez sur le lict.

Susanne. Tu ne te cassas point le nez contre la plume ?

Fanchon. Non, attendez. Il me dit : — Prends garde, sans s’arrêter, et à la fin il fondit d’ayse sur moy, en disant : — Mon cœur, je fous !

Susanne. Et comment te trouvas-tu alors avec luy ? Ne fis-tu pas aussi ?

(13) Fanchon. Belle demande ! et quel moyen de s’empescher quand cela vient ? Je perdis toute connaissance et fus ravie en pasmoison. Il n’y a point de sucre ny de confitures qui soyent si doux à la bouche que cela est au con ; le chatouillement se rendit universel par tous mes membres et fus comme esvanouie.

Susanne. Tu ne croiois pas cependant qu’il deust estre si grand ?

Fanchon. Non, je n’eusse eu garde, ne l’ayant point esprouvé. A la fin, s’estant retiré, je me sentis un peu mouillée en cest endroit et je m’essuay avec ma chemise, et je vis aussi que son affaire n’estoit pas si droit qu’auparavant et qu’il baissoit la tête peu à peu en se retirant.

Susanne. Il n’y a point de double.

Fanchon. Cela fait, je me trouvay bien refaite et ne souhaitay rien plus. Après, il me