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L’ESCOLE DES FILLES


la chambre, jurant, maugréant, tandis que je m’estois recouverte.

Suzanne. Le pauvre enfant, il avoit donc bien de la peine ?

Fanchon. A la fin, il manie piteusement son affaire devant moy, et il advise un pot de pomade qui estoit sur la cheminée ; il le prend aussitost et dit : — Bon, voylà qui nous servira bien. A mesme temps, il en mit dans sa main et en frotta le manche haut et bas, pour le rendre plus coulant.

Susanne. Il ne faut que cracher dessus et frotter avec la main.

Fanchon. Enfin, il s’advisa de cela et ne songea peut-être pas à l’autre. Il me fit aussitôt mettre en posture dans une chaise et se mit à genoux devant moy, et la pomade le fit entrer plus avant ; après quoy, voyant qu’il ne pouvoit encore rien faire, il me fit lever et mettre (11) à quatre pattes sur le lict, et s’estant derechef frotté de pomade, il m’attaqua par derrière.

Susanne. Que de façons pour un dépucelage ! Vrayement mon amy n’en employa pas tant pour moy, il eut fait en moins de rien et si je ne me plaignis pas tant.

Fanchon. Quoy que c’en soit, l’affaire se passa comme je vous le dis. Ma robe estoit donc troussée sur le dos, et me faisant roidir l’échine,