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le messie

général. Encore n’est-il employé que dans la forme d’une comparaison : sur les nuées vint un personnage semblable à un homme.

Ici, le Messie n’est pas comparé à un fils d’homme^^1, il est le Fils de l’homme, un être bien déterminé, doué * d’une existence personnelle et indépendante ; personne ne partage ce titre avec lui. Il le porte dans les conditions où Jésus le portera plus tard dans les synoptiques. La nature de son rôle et de ses fonctions écarte toute exégèse qui voudrait voir en lui un personnage collectif, Israël par exemple, comme on a essayé de le faire pour le Serviteur d’Iahweh dans Isaïe^^2.

Dans quelques manuscrits on lit en deux passages^^3, comme variante de « Fils de l’homme », l’expression « Fils de la femme ». Comme deux de ces manuscrits, G et M, sont des plus anciens et des meilleurs^^4, il est difficile d’affirmer avec certitude qu’ils ont été interpolés en cet endroit par une main chrétienne. Il est possible cependant que cette variante soit le fait voulu ou non d’un copiste éthiopien ; il pouvait l’obtenir sans altérer notablement le texte^^5. En tout cas, le sens littéral de l’expression « Fils de la femme » ne parait pas sensiblement différent de celui de « Fils de l’homme ».

1 Dans une longue dissertation sur le Fils de l’homme, Wellhausen, Skizzen und Vorarbeiten, t. vi, 1899, p. 187 sq., prétend que cette locution, même dans Hénoch, n’est pas un titre mais une comparaison, et il en conclut que plus tard Jésus n’a pas pu se désigner par CCS mots ni prononcer réellement les sentences évangéliques dont cette locution est inséparable. En ce qui concerne le Messie dans Hénoch, son opinion a eu peu de succès ; il est impossible à qui lit sans parti pris le Livre des paraboles de ne pas voir dans ces mots le « Fils de l’homme » une véritable désignation du Messie, comme Font fait Charles, The Book of Enoch, 1893, p. 51 et 312, Appendix B : The Son of man : its origine and meaning ; Bcer, dans Kautzsch, Die Apokryphen und Pseudepigraphen des Alten Testaments, t. ii, p. 232 ; Volz, Jûdische Eschatologie, 1903, p. 214, et la plupart des historiens qui ont étudié le concept du Messie dans les Paraboles.

2 Isaïe, xlii, 1-4.

3 lxii, 5 ; infra p. 131 ; Lxix, 29, infra, p. 157.

4 Voir infra. Version et original.

5 Il suffisait d’ajouter un t à be’esî : walda be’esi signifie « fils de l’homme » et walda be’esît « fils de la femme ».