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livre d’hénoch


auront part. Il est vrai qu’une conception plus étroite a prévalu dans la théologie du Talmud ; elle n’admet que la résurrection des Israélites justes[1]. Mais ce n’est pas une raison pour restreindre, avec Charles[2], la portée des textes du Livre d’Hénoch.

Dans la première partie[3], ce livre enseigne formellement qu’il n’y aura qu’une catégorie d’hommes qui ne ressusciteront pas : ceux de la quatrième section du séjour des âmes. Les pécheurs qui ont souffert ici-bas resteront en effet dans cette première demeure de l’au delà pour y subir une peine plus douce que les pécheurs qui furent heureux sur la terre[4].

Dans le Livre des paraboles, au moment où le Messie va juger le monde, la terre, le scheol, les enfers, le désert et la mer rendent tout ce qu’ils ont reçu, tous les hommes qu’ils ont engloutis, et l’Élu (le Messie) choisit parmi eux les justes et les saints[5].

Ce qui est plus concluant encore pour les païens, dans l’histoire allégorique du monde de la quatrième partie, après la résurrection, non seulement les brebis qui avaient péri et avaient été dispersées, c’est-à-dire les Israélites fidèles, mais aussi les Gentils, figurés par les bêtes sauvages et les oiseaux du ciel, qui n’avaient pas opprimé Israël, se réunissent dans la nouvelle Jérusalem pour jouir de la félicité messianique[6].

  1. Weber, Die Lehren d. Talmud, p. 371–373.
  2. Charles, dans son excellent ouvrage The Book of Enoch, Oxford, 1893, p. 139, note sur li, 1, reconnaît que ce passage entendu dans son sens obvie s’applique aux Gentils comme aux Israélites ; il refuse cependant d’y voir Taffirmatioa de la résurrection générale, uniquement parce que l’histoire de la pensée juive points in an opposite direction. Il prétend que la résurrection de tout le genre humain a été enseignée pour la première fois dans le judaïsme par IV Esdras, vii, 32, probablement sous une influence chrétienne. Charles oublie que nous n’avons pas à expliquer le Livre d’Hénoch, surtout quand il est clair, par le Talmud ou selon le Talmud. Volz, Jüdische Eschatologie von Daniel bis Akiba, Tübingen et Leipzig, 1903, p. 241, reconnait que li, 1, enseigne la résurrection générale.
  3. xxii, 10–13.
  4. Le ch. xxii est donc un des textes les plus anciens où la résurrection de tous les hommes, ces pécheurs exceptés, soit affirmée.
  5. li, 1–2.
  6. xc, 33