Page:Michel Martin - Livre Henoch ethiopien, Letouzey, 1906.djvu/42

Cette page n’a pas encore été corrigée
xxxv
le séjour des âmes


après la mort ces âmes ne se rendent pas dans le scheol, mais elles vont jouir de la félicité dans le « jardin de vie », probablement le Paradis terrestre[1]. Une interpolation très composite, qui a pris place au milieu des Paraboles, nous parle aussi du « jardin où demeurent les élus et les justes » et où Dieu reçut Hénoch[2]. Nous retrouvons ce séjour des élus dans une des additions qui font suite au Livre des paraboles : Hénoch est enlevé du milieu des vivants et placé par Dieu entre le nord et l’occident : « Là, dit-il, je vis les premiers pères et les saints qui depuis l’éternité demeurent en ce lieu[3]. » Le Livre des songes le fait transporter aussi par les anges sur un lieu élevé, où le prophète Élie vient le rejoindre[4].

Dans un second passage des Paraboles, Hénoch voit les lits de repos des justes à l’extrémité des cieux, au ciel même, semble-t-il, car ces lits de repos sont au milieu des anges et à côté du Messie ; avant la rétribution finale, car ces justes prient pour les enfants des hommes qui sont encore sur la terre[5]. Il est impossible de faire accorder ce texte, soit avec les concepts du jardin de vie ou du scheol, soit avec celui du royaume messianique dans les Paraboles[6]. Ou il est interpolé, ou, ce qui est plus probable, il représente une autre tradition juxtaposée aux précédentes par l’auteur, sans souci des contradictions possibles.

Les âmes sortiront du scheol au jour de la résurrection. Cette résurrection sera générale : non seulement les Israélites, non seulement les bons, mais tous les hommes indistinctement, Juifs et Gentils, justes et pécheurs, y

  1. lxi, 12 ; mais li, 2, fait choisir au Messie les justes et les saints parmi les ressuscites de la terre, du scheol, etc. ; de plus, comme toute la section, il annonce aux justes l’approche d’un salut dont ils ne jouissent pas encore par conséquent. Il est possible que le jardin de vie de lxi, 12, ne soit ouvert qu’aux âmes de quelques élus plus favorisés comme les premiers pères, Hénoch et Élie ; cf. passages cités notes 3–4.
  2. lx, 8–23.
  3. lxx, 2–4.
  4. lxxxvii, 3 ; lxxxix, 52 ; cf. xciii, 8.
  5. xxxix, 3–8.
  6. Voir infra, Le royaume. Charles, The Book of Enoch, 1893, p. 115, note, entend ce passage du futur royaume messianique. — L’interpolation, si interpolation il y a, ne comprendrait que xxxix, 4–5.