que sont ou que se croient ses auteurs, un peu aussi de l’excès du sentiment religieux, si profond chez tous les Sémites, sentiment que tout ce livre respire à un degré intense. Toutes ses parties tendent à donner une impression écrasante de la transcendance divine. Dieu demeure au ciel, au milieu de splendeurs effrayantes^^1 et dans un isolement terrible. Les anges ne peuvent même pas entrer dans sa demeure et contempler sa face ou soutenir son regard d’après xiv, 21 ; cependant, d’après lxxi, 8, ils vont et viennent dans sa maison.
Dieu, en créant l’univers, a voulu montrer la grandeur de son œuvre à ses anges, aux esprits et aux hommes, afin qu’ils contemplent Tœuvre de sa puissance, qu’ils louent l’œuvre grandiose de ses mains et qu’ils le bénissent pendant l’éternité^^2. Le tableau de l’organisation de cet univers est tracé dans le Livre du changement des luminaires du ciel et dans plusieurs chapitres disséminés au milieu des autres sections. Les éléments en sont empruntés à la Bible et surtout aux traditions hétérogènes^^3 en vogue dans les milieux juifs au iie et au ier siècle avant Jésus-Christ. Les images bibliques y sont prises ordinairement dans un sens très littéral et très concret.
L’univers est enveloppé d’eaux des deux sexes. Les eaux du sexe masculin sont en haut, au-dessus du ciel ; celles du sexe féminin, en bas, sous la terre^^4. À l’extrémité, du côté de l’Occident et probablement dans l’enfer^^5, comme chez les Babyloniens, sont les eaux de vie^^6 ; au delà, un fleuve de feu, sans doute le Phlégéton, et enfin
1 XIV, 8-20.
2 XXXVI, 4.
3 Voir infra, p. c-cvi, ch. III, § 3, dates et auteurs.
4 liv, 7, 8 ; lx, 7, 8 ; lxxxix, 2-8.
5 Dans xxii, 1, le séjour des âmes est placé à l’occident comme les eaux de vie.
6 xvii, 4. Voir infra, p. cii et p. 47, note sur xvii, 4.