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convention du duel, les deux adversaires s’imposent une attitude froidement correcte. Dans la convention de la guerre, on vomit l’insulte dans les deux camps, d’un jet continu. On dirait que la presse obéit à un mot d’ordre, à une consigne inflexible. J’entends dire que, dans la lutte, la haine doit être entretenue, exaltée, que cette excitation furieuse est nécessaire… Mais, plus tard, comment les cervelles, empoisonnées par cette incessante instillation, élimineront-elles le venin ? Comment revenir à la vérité, comment rétablir des rapports normaux entre les peuples ? Ne va-t-on pas perpétuer les malentendus, les chances de conflit, faire le jeu de ceux qui vous déclarent, d’un ton de secrète volupté : « Il y aura toujours des guerres » ?

21 avril 1915.

On échange de grands blessés français et allemands. Les journaux ne s’y arrêtent pas. Il ne faut rien laisser voir qui ressemble de près ou de loin à des pourparlers, à une trêve.

De même, on signale à peine le retour de milliers de femmes, venues des régions en-