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LES « HAUTS FOURNEAUX »

31 janvier 1915.

Dans un pensionnat religieux dont les petites élèves prient pour les armées, certaine prière obtient du ciel le gain d’une tranchée. J’entendais une de ces fillettes, rentrant au logis, déclarer fièrement :

— Maman, j’ai pris trois tranchées, ce matin.

Comme c’est facile !

2 février 1915.

Depuis six mois, tout le monde fait son devoir. Auparavant, personne ne s’en souciait. Dans la guerre, il existe un devoir envers la patrie. Dans la paix, il n’existait pas. Pourquoi ?

Cette question me hante chaque fois que je lis ces citations à l’ordre du jour qui emplissent des colonnes de journaux, des pages de l’Officiel, des brochures entières. Quelle sublime abnéga-