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LES « HAUTS FOURNEAUX »

qu’elles ne descendront pas avant de s’être mis un peu de rouge aux lèvres et de la poudre sur le nez. D’autres, dans le mode sublime, déclarent qu’elles enverront leurs domestiques à la cave et qu’elles resteront à l’étage.

24 janvier 1915.

Une jeune femme, qui revient de voir son mari aux armées, racontait devant moi son voyage.

C’est une entreprise difficile.

Car les gens de guerre ont sévèrement exclu de leur royaume la femme légitime, la mère. Ils voudraient abolir tous ces sentiments de tendresse qui sont pourtant la plus belle parure de l’homme, celle qu’il a lentement acquise à travers les âges, et qui le différencient de la brute. Ils voudraient retourner à la rudesse primitive, au temps barbare des cavernes. À Saint-Pol, la femme d’un commandant a vainement tenté de voir son mari blessé, à l’hôpital. On l’a reconduite à la gare. Et je suis souvent hantée par l’abominable et véridique histoire de cette vieille maman paysanne qui s’était déguisée en soldat