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LES « HAUTS FOURNEAUX »

dons de mémoire et d’organisation, un vaste appétit, une grande puissance de sommeil. Au delà, l’unanimité cesse. Déjà, la paternité de la victoire de la Marne est très disputée.

Pour moi, je ne lui demande que d’en finir. Maintenant que, de l’Alsace à la Belgique, ces deux énormes masses d’hommes se sont fixées, accrochées à la terre, je tremble que le massacre quotidien ne s’installe. Et j’en garde conscience, et je ne m’y habitue pas. J’en arrive à souhaiter cette percée décisive, moins coûteuse, me dit-on, qu’un long face à face, et qu’on nous montre prochaine. « Dans dix jours ou dans deux mois », disait Joffre récemment. Hélas ! Combien ces prévisions sont fragiles… Dans la pensée du haut commandement, n’était-ce pas d’abord une offensive où l’on devait « percer, couper », cette affaire de Crouy dont le communiqué, malgré ses orgueilleux artifices et sa géniale tartuferie, parvient à peine à dissimuler l’issue lamentable ?

17 janvier 1915.

Un médecin mobilisé se vante dans une lettre