Page:Michel Corday - Les Hauts Fourneaux, 1922.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LES « HAUTS FOURNEAUX »

d’eux jure sur la tête de ses trois enfants qu’il a vu ceci : dans la nuit de Noël, deux régiments adverses fraternisent sans armes entre leurs tranchées, malgré l’opposition des chefs. Les hommes échangent des cigares, se serrent la main, s’embrassent. On se promet de ne pas tirer de la nuit, ni le jour suivant. On s’est tenu parole.

Ailleurs, les Allemands ont fait de la musique toute la nuit, aux applaudissements des Français. L’auteur de la lettre a passé la nuit avec des camarades, dans les tranchées ennemies.

Ailleurs encore, on chantait des Noëls en chœur, dans les deux tranchées. « C’était drôle, toutes ces voix qui sortaient de la terre. »

Ces trêves émouvantes me semblent un symbole d’avenir, du temps où les peuples ne se laisseront plus jeter les uns contre les autres, comme des bêtes de cirque.

Mais qui donc les a jetés à l’arène ?

16 janvier 1915.

Ceux qui vivent autour de Joffre s’accordent à lui reconnaître du flegme, du bon sens, des