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LES « HAUTS FOURNEAUX »

nesse légère ne finissent-elles pas par donner le pain bénit ? »

22 décembre 1914.

Séance de rentrée à la Chambre. Discours. Combien ce pays est friand de paroles et sensible à leur pouvoir… À chaque passage sonore, toute l’assemblée se dressait, au signal de quelques enthousiastes. Ainsi, dans les églises, la foule hésitante imite, pour se lever et s’asseoir, les mouvements de quelques initiés. Au reste, nul, dans cette enceinte, n’aurait pu demeurer assis sans passer pour traître ou impie. Là, peut-être plus qu’ailleurs, règne la dure loi d’hypocrisie imposée par la guerre.

Dans la tribune où j’étais placée, un provincial, profitant d’une trêve d’éloquence, demanda à son voisin : « Où sont la droite et la gauche » ? Il reçut en pleine face cette réponse patriotique : « Monsieur, il n’y a plus ici ni Droite ni Gauche, il n’y a que des Français. »