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LES « HAUTS FOURNEAUX »

vie est écourtée, ralentie : les rues sont à demi obscures, les cafés et les restaurants ferment vers neuf heures. De rares théâtres s’entr’ouvrent.

Plus de grands dîners. Des déjeuners moins cérémonieux tendent à les remplacer. Plus de « jours ». On ne goûte qu’en petit comité. Nombre de femmes avaient cessé de se teindre au début de la guerre, par esprit de sacrifice ou faute de coiffeur. Elles hésitent aujourd’hui à reprendre leur ancienne apparence. Beaucoup avaient renoncé au fard. Mais ce vœu-là n’a pas tenu.

13 décembre 1914[1].

Visite de mon vieux Paron, que j’avais à peine entrevu à Bordeaux depuis notre singulière rencontre. Il avait lu récemment le Livre Jaune, le livre diplomatique français sur les préliminaires de la guerre.

— Ce document, me dit-il, m’a mis sur les traces de cette vérité que nous sommes tous deux si avides de découvrir. Les raisons des

  1. Les notes non « situées » sont écrites à Paris.