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LES « HAUTS FOURNEAUX »

Andernos, 27 novembre 1914.

Pierre, qui traite les gens en place — et qui, dans un autre sens du mot, les traite même parfois fort cavalièrement — est toujours garni d’anecdotes, comme une pelote est garnie d’épingles. On n’a qu’à cueillir.

J’apprends par lui qu’on supprima récemment les odieux gardes civiques. L’un d’eux arrêta l’auto du ministre de la Guerre, Millerand, « accompagné d’un individu qu’il n’avait pas pu identifier. » C’était Poincaré.

Autre histoire. Clemenceau a un secrétaire nommé Mandel, dont il apprécie la connaissance profonde du monde parlementaire. Mais il se refuse à reconnaître l’influence excessive que ce Mandel exercerait sur lui. Et il regimbe dans une forme triviale, mais qui porte bien sa griffe : « Quand Mandel pète, on m’accuse d’avoir mangé des haricots. »

Enfin, ce trait qui caricature bien l’esprit militaire et qui enchante mon mari. Car — phénomène plus surprenant que rare — cet homme qui a le fétichisme de la guerre n’a pas le féti-